C'est d'la bonne ! ... La Transe.

[HRP : Euhhhh j'savais pas trop ou poster, c'est ici qu'on met les rp maintenant ? sinon j'le remets dans la partie Stormwind hein... ]

Auberge du Solitaire Bleu.

« Dites moi… L’art vous a – t – il déjà hypnotisé au point que vous pourriez ne pas vous sentir mourir ? »
Mélian avait haussé le ton, mu par une passion encore un peu froide. En face de lui un homme d’apparence pas plus âgé que lui. Le reste de l'auberge était vide.
« Maître Mélian, parlez vous de cette sensation si indescriptible que l’on ressent en entendant une si belle mélodie que l’on pourrait rester là à écouter jusqu’à la fin du monde ? »
Ces mots semblèrent enchanter le Toréador et, sans pouvoir s’en empêcher, se surprit à sourire plus largement.
Mattheo, très enthousiaste, souriant comme jamais, préparait son violon.
« C’est cela, poursuivit Mélian. Cette voix qui vous inspire jusqu’à élever votre âme au ciel. »
A ces mots, il cala sa viole de gambe sur son épaule, saisit son archet et le suspendit au dessus des cordes, incitant le jeune homme en face de lui à faire pareil.
« Maître, vous parlez si bien de cela… » Emit Mattheo en posant sur Mélian un regard admiratif et empreint de fierté. Puis il l’imita.
Le Toréador rouvrit les yeux un instant, le regard perdu dans le vague, du temps de dire, bas : « Je vous attends… » Son ton neutre et détaché trahissait pourtant déjà son prochain effacement de ce monde, la transe qui surviendrait dès qu’il aurait fini d’accorder l’instrument pour « créer ».
Cela ne lui prit que quelques secondes, au bout desquelles il commença à jouer.

Puis il n’y eut plus d’image, seulement le son, qui devînt alors un bien propre langage, un flot d’émotions que des mots humains, mortels et un peu trop rationnels n’en pourraient que diminuer le sens, en salir la signification.
L’essence même de l’immortalité, de ce que l’éternité avait de plus beau, s’éleva à ce moment là. Ce fut l’ineffable, l’indicible de l’art. (ayé… y’a pu personne chez les Torés… Y_Y)

Et l’élève de suivre le maître. Bien. Très bien même. Il ferma les yeux à son tour et se laissa tomber en transe, absorbé, rattaché à ce monde que par les sons graves et déchirants qui devaient bien s’entendre de dehors, et emporté dans un autre par le chant des violons. Tous deux ne furent bientôt plus que deux âmes animant leurs instruments, transportés par une telle passion que leur environnement immédiat n’importait plus, bien trop inférieur à la Transe. Un dialogue des plus intenses fut installé, la Transe partagée. Et l’abominable malédiction prit un tournant magnifique. Pourtant, ce soir-là, ils auraient vraiment pu mourir sans s’en rendre compte.

La sublime harmonie entre les deux vampires dura quelques éternelles minutes, au bout desquelles Mélian mit fin au morceau, s’étant reperdu dans les sons graves et tortueux du début. Mattheo comprenait, anticipait tout, et le suivait merveilleusement bien, accompagnant son maître avec dévotion et passion. Et puis ce fut la cadence parfaite. Mélian rouvrit les yeux, comme s’il se réveillait. Mattheo, de la même façon, repassait les portes de ce monde, revenant d’une passion sans nom. Puis le regard du maître vînt se poser sur l’élève, un léger sourire aux lèvres. En voyant son expression, il sourit davantage, sincèrement. Il n’osa pas briser ce religieux silence et préféra aviser son élève par télépathie.

*auspex : Communication Télépathique* La Transe est la chose la plus magnifique connue par ceux de notre Clan. Mais c’est aussi notre point faible. Nous laissons, seuls, nos corps vulnérables dans ce monde réel, quand elle nous tient.*

« Je vois… » Répondit Mattheo, souriant et admiratif. Mélian lui rendit son sourire.
« Je suis donc comme vous, maître ? » Demanda – t – il encore.
Le Toréador en face prit un air plus sérieux et hocha la tête. Mattheo suivit son expression.

Mélian ne parla plus que par télépathie ensuite, en guettant chacune de ses réactions avec une drôle de curiosité, à moitié contenue. Mattheo répondait en chuchotant, ou par un autre sourire. En face, Mélian ne pouvait s’empêcher de sourire à son tour.

La chouette, posée jusque là sur la rambarde de l’escalier, alla faire un tour dehors. (NDLJ : disons que… Elle soulait vraiment avec ses ailes FLAP FLAP FLAP…)

S’ensuit une longue conversation télépathique, au bout de laquelle Mattheo sembla véritablement touché. Mélian lui sourit vaguement, rangea tranquillement son violon et rappela sa chouette, avant de partir, d’un pas absolument pas pressé.

« A bientôt Mattheo. » Emit- il avec un ton de nouveau dépouillé de toute passion.